Elwyr Vagabond
Messages : 79 Messages RP : 28 Date d'inscription : 03/02/2012 Localisation du personnage : Landes d'argent (Pour l'instant du moins) Métier du personnage : Auteur (enfin c'est ce qu'il dit) Alignement du personnage : neutre
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Votre Identité Age du personnage: La trentaine, à une vache près En couple avec: Personne Brève desciption:
| Sujet: Elwyr Lun 27 Fév - 20:58 | |
| [Bon, j'ai les compétences artistiques d'un lemming aveugle, donc il y aura beaucoup de texte (et peu d'images). Toutes mes excuses ! Pour ceux qui veulent connaître les grandes lignes de mon histoire (enfin, celle d'Elwyr), je les renvoie à ma présentation.] ~ Anecdotes ~ Pourquoi Elwyr ne connait-il pas exactement son âge ?- Spoiler:
Peu avant le quatrième anniversaire d'Elwyr, et bien que ce dernier n'en garde aucun souvenir, son père leur rendit visite, à lui et à sa mère. Son amante (la mère d'Elwyr, donc) avait su se montrer suffisamment insistante pour qu'il prétextât une mission diplomatique quelconque et passât une semaine avec eux.
Le jeune hybride, alors de l'âge où on cherche à donner un sens à tout, s'était demandé : Pourquoi maintenant ? Et il en était venu à la seule conclusion logique, selon lui : son anniversaire approchait, et son père allait en être. Naturellement plus sage que ces adultes un peu gauches, il alla mettre les choses au point avec ce dernier, tout en finesse :
"Papa, papa !" Allywed se retourna vers lui, portant une expression que n'importe qui aurait aussitôt associé à un dégoût profond, à peine teinté de regret. "Quoi ?" Répondit-il froidement. Là, n'importe qui aurait compris le message et abandonné. Elwyr, lui, n'en fit rien, et reprit avec une subtilité toute enfantine : "Tu sais quel jour on est bientôt ?" "Lequel ?" Il n'était pas enthousiaste, mais semblait jouer le jeu. "C'est mon nanniversaire ! Tu sais, d'habitude, maman, elle fait un gâteau, et on invite des amis, et on fait une grande fête et ils me font des cadeaux ! Tu vas m'offrir quoi, toi ? Il savait qu'il n'était pas censé le demander avant l'heure, mais on ne pouvait pas lui en vouloir d'être impatient... Et de tenter le coup ! "Rien." Comme son fils le regardait sans comprendre, son père poursuivit : "Et cette année, il n'y aura pas de gâteau, ni d'amis, rien de tout ça." Son sérieux ne faisait pas le moindre doute. Il s'apprêta alors à partir, mais Elwyr l'attrapa par la manche. "Pourquoi ?" Demanda-t-il, des larmes aux coins des yeux. "Parce qu'il n'y a rien à fêter. Le monde se fiche de ta naissance. Il y en a même certains qui la regardent d'un mauvais oeil. Tu sais, si tu n'étais pas venu au monde..." Il semblait prêt à continuer, mais attrapa le regard noir que lui jetait son amante. Il se dégagea d'un coup sec et quitta la pièce.
La mère d'Elwyr vint alors s'agenouiller devant lui (son fils, hein (je dis ça parce qu'apparemment certaines personnes ont un tour d'esprit étrange par ici)) et lui arrangea une mèche de cheveux avant de tenter de le rassurer : "Tu sais... Si tu veux, on pourrait le fêter après ton départ, ton anniversaire... Et il n'en saurait rien !" Elle ponctua cette dernière remarque d'un clin d'oeil conspirateur. "Non... Ce n'est pas la peine, mère." Il sourit faiblement. "Il a pas tout à fait tort... On est bien peu de choses."
Sa mère en fut visiblement blessée (même si une fois de plus ça lui passa au-dessus de la tête), mais elle s'efforça de sourire, lui caressa la joue, et s'en fut à son tour. Plus tard cette nuit, Elwyr entendit quelques éclats de voix dont il ne saisit pas la teneur.
L'année suivante, son père n'était pas là. Sa mère ne lui proposa pas de faire une fête, et son fils ne demanda rien.
Papa, d'où je viens ?- Spoiler:
Comme tous les autres enfants, vint un jour où le petit Merlin, fils d'Elwyr, voulu savoir d'où il venait (El', s'il se l'était aussi demandé, avait eu la présence d'esprit de ne pas poser la question à son père). Plus hardi que son cher géniteur (faut dire aussi qu'il avait plus de raisons de l'être), il vint le voir, dans son bureau, arborant une expression des plus sérieuses.
"Papa... D'où je viens ?" El' le regarda et eut un réflexe très paternel : tenter d'éviter la question. "Bah... De nous !" Répondit-il évasivement. Merlin sembla méditer cette réponse quelques instants, puis décida qu'elle n'était pas satisfaisante."Mais... Comment vous avez fait ?" insista-t-il. "C'est... Un petit peu technique... Je préfère attendre que ce soit ton tour d'avoir un enfant pour te l'expliquer." fit-il, mal à l'aise. "Maman, elle m'a dit que quand deux personnes s'aimaient vraiment vraiment beaucoup, c'était le genre de choses qui arrivaient... Tu l'aimes vraiment vraiment beaucoup maman ?" Poursuivit-il, l'air de rien. Son père soupira et lui fit signe de s'installer sur ses genoux. "Ca joue... Mais il n'y a pas que ça." Merlin releva le sous entendu :"Ca veut dire... Que tu l'aimes pas vraiment vraiment beaucoup, maman ?" *Malin, ce gosse* Pensa Elwyr. A haute voix, il dit : "Non... Comme tu le sais, ta mère est noble... C'était un mariage arrangé, au moins par mon père - ton grand-père. Ses parents devaient y trouver leur compte, aussi, remarque." "Mais alors... Si tu l'aimes pas vraiment vraiment... Pourquoi je suis là ?" "Parce que c'est une des choses qu'on doit faire quand on est mariés, tout simplement." "Mais pourquoi grand-père a voulu que tu épouses maman ?" "Parce qu'il a honte de moi. C'est un elfe, et il pense que les sang mêlés - comme moi - sont une aberration. Il essaie donc de noyer le sang elfe de la famille dans du sang humain."
Autant avait-il un peu de mal à répondre aux questions précédentes, autant celle-là ne lui posait pas de problème. Il avait fini par s'y habituer. Pourtant, c'est celle qui son fils parut le plus choqué d'entendre, et ce fut son tour de chercher ses mots.
"Et... Il aurait honte de moi, aussi ?" Elwyr y réfléchit une minute. Cela faisait un long moment qu'il ne s'était pas essayé à analyser son père. "Moins que de moi, je pense... Puisqu'il ne t'a pas directement engendré. Mais certainement un peu. C'est pour ça qu'on ne va pas lui rendre visite, d'ailleurs." Finit-il par dire. "Et... Et toi ?" "Bien sûr que non ! J'suis fier de toi. Et quoi qu'il arrive et quoi qu'on puisse te dire, tu devrais l'être aussi. D'accord ?" Son fil acquiesca. "Je crois que j'ai compris."
Sur ces mots, il descendit de ses genoux et quitta la pièce. Il ne voulut pas aborder le sujet avec sa femme, mais il lui semblait qu'il était un peu triste, en partant.
~ Ecrits ~
Liasse : Je ne dois pas oublier. La présente liasse se trouve toujours dans la besace d'Elwyr. Il ne compte pas la publier (il doute que ça intéresse quiconque) et en a écrit la totalité au cours de ses voyages (au moins deux ans après la mort de sa femme, donc). Ces textes traitent tous, plus ou moins directement, de sa femme Emeline. Ils sont rangés par ordre chronologique d'écriture. [Les titres figurant avant les spoiler sont en fait écrits sur le parchemin, et soulignés. J'ai voulu les séparer par souci de clarté.] Dernière nuit.- Spoiler:
Peut être que je ne devrais pas commencer par la fin... Mais d'une manière ou d'une autre, il me semble plus aisé de repartir de là et de dérouler les choses à l'envers. Pour l'instant c'est tout ce que j'arrive à me rappeler d'elle, de toute façon. Peut être que cela s'éclairera au fur et à mesure que j'avancerai. Je risque d'oublier nos premières années, mais c'est tout de même comme cela que je veux procéder.
Tôt dans la soirée (on pouvait appeler ça la fin de l'après midi), une vague soudaine de pluie avait surpris Emeline qui rentrait... Du marché, il me semble. Quoique ç'aurait plutôt été le rôle de la bonne. Non, ce devait être un thé, chez une amie, ou quelque chose de ce genre ; comme ses amies n'habitaient pas loin, elle préférait souvent marcher que de prendre une carriole. Ca la maintenait en forme, disait-elle.
Passons. La pluie l'avait surprise, donc, et elle était rentrée trempée. Elle se changea bien vite, tandis que je préparais et allumais un feu, pour qu'elle puisse se sécher. Le ciel, entre temps, s'était éclairci, et un ravissant clair de lune pénétrait dans la pièce.
Ces détails semblent futiles. Mais je pense qu'ils méritent au contraire toute mon attention. C'était une belle soirée. Je ne savais rien de sa mort imminente, nous étions serrés l'un contre l'autre, devant l'âtre (j'avais d'ailleurs un peu trop chaud, mais c'était sans importance), en silence, et c'était une belle soirée. Comme elle toussait un peu, et que je m'enquérais de son état, elle me rassura en me disant qu'elle irait voir un ange le lendemain - il était trop tard, m'assura-t-elle, pour déranger les honnêtes gens. Nous allâmes nous coucher peu après. Elle était morte à mon réveil.
Se pose maintenant une question, qui me torture - non, ce terme est excessif, elle me titille. Elle me titille et m'empêche de prendre la soirée pour ce qu'elle était, une belle soirée, comme beaucoup d'autres le furent. Ai-je fait une erreur ? Aurais-je dû insister pour mander un ange le soir même ? Voir qu'elle était trop gravement malade pour passer la nuit ? Après tout, j'aurais pu la sauver. Je l'aurais sauvée si je l'avais convaincue de consulter maintenant, je ne doute pas de pouvoirs des anges à ce sujet. Ca ne fait aucun doute. Ma responsabilité dans sa mort ne dépend que de la réponse à cette question, que je n'ai malheureusement pas :
Aurais-je pu savoir ?
Fête foraine.- Spoiler:
Remontons un peu plus loin...
Au château d'Elsran, chaque année, une foire venait en ville. En fait, elle venait deux fois : une première un peu avant le printemps, lors des giboulées, et une deuxième au plus fort de l'été. Il va sans dire que la seconde était plus populaire, pour son temps plus clément ; mais la première comptait tout de même ses visiteurs par centaines. D'habitude, je n'en faisais pas partie, mais cette année, je m'étais laissé convaincre par ma femme et mon fils. Une fois n'est pas coutume.
Nous y sommes donc allés, main dans la main, moi au centre (comme s'ils craignaient que je me défilasse !). Le ciel était assez couvert, c'était la saison qui voulait ça : par conséquent, les badauds cherchaient tous (de façon civile tout de même, malgré quelques éclats de voix qui fusaient de temps à autres) une place dans les rares attractions couvertes. Je compris vite qu'il s'agissait d'un genre de jeu, avec, comme tout jeu, ses experts (qui sentaient qu'il allait pleuvoir et réclamaient leur place juste à ce moment là), ses prudents (qui ne quittaient un abri que pour plonger sous un autre) et ses malchanceux (qui ne se trouvaient dedans que lors des accalmies).
Au milieu de tous ces joueurs, les enfants se fichaient qu'il pleuve, grêle ou vente. Curieusement, ils ne constituaient pas l'essentiel de la foule (mais très certainement la part la plus bruyante !). Merlin courut se mêler à l'un de ces groupes, et lorsque je voulus l'en empêcher (ou au moins lui recommander la prudence), ma femme m'en empêcha. "Il sera autant en sécurité avec eux qu'avec nous", m'avait-elle dit. Avec un léger froncement de sourcil, j'acceptai son argument - elle savait mieux que moi.
C'est ainsi que je rejoignis le groupe majoritaire : celui des jeunes couples. A peine dix ans de mariage ? Une broutille devant ce qui nous attendait ! Nous ne roucoulions pas (cela n'avait jamais été à l'ordre du jour) mais nous en étions aussi proche que faire se peut. Je l'ai sentie replonger avec délice dans l'adolescence : elle a, entre autres, ri aux éclats devant un clown, insisté pour que je remporte une peluche énorme (rembourrée avec des plumes d'oies, la plus haute qualité, nous a assuré l'organisateur) dans un concours de fléchettes, et s'est laissée prendre au jeu d'un magicien qui faisait disparaître des pièces de monnaie (elle lui donna au moins cinq pièces d'or pour essayer de comprendre le tour... que j'eus tôt fait de saisir ! Mais je me tus pour ne pas nuire à l'ambiance.)... Contrairement à ce que le ciel présageait, il ne plut pas.
Vers six heures, nous allâmes récupérer notre fils (qui se plaignit, comme tous les garçons de son âge... Mais sans plus). Je le saisis sous les bras et le posai sur mes épaules, enhardi que j'étais par mes succès de la journée. "Papaaa !" répliqua-t-il aussitôt. "J'suis trop grand pour ça, maintenant ! Tout le monde nous regarde !" Je souris et le reposai au sol. "Mes excuses... J'ai tendance à oublier que tu grandis si vite. Mais maintenant que t'es grand, tu peux nous montrer le chemin !" "C'est par là !" Fit-il alors que nous le suivions, bras dessus, bras dessous, avec mon épouse. Elle posa sa tête contre mon épaule et me chuchota : "Nous devrions sortir comme ça, tous ensemble, plus souvent..." "En effet. Nous le ferons." répondis-je.
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