Amnésie, épisode 2

Inuyasha avait préféré s'écarter pour l'instant. Il avait bien compris qu'agir comme s'il était un étranger n'aiderait pas Erinyes à se rétablir. Mais là...ça lui était un peu dur. Il contenait pas mal depuis que ça avait commencé. Et il ne tenait pas à ce qu'Erinyes puisse le voir ainsi. Il devait se montrer parfaitement assuré.

Alors dormir à la belle étoile lui avait permit de s'aérer un peu l'esprit. Et la nuit porta bien conseil. Car il put enfin prendre le recul nécessaire, et poser les choses.

Et ce qu'il avait supposé la veille, il en était à présent parfaitement convaincu, ce qui l'assombrissait moins : il ne l'avait pas perdue. Erinyes n'avait effectivement pas changée. Elle était juste elle-même, sans tout le reste à côté. La seule chose qu'il regrettait, c'était qu'elle l'avait oublié...et ça, ce fait qu'elle ne le regarde plus comme d'habitude, il avait décidément du mal. Comment se rapprocher d'elle dans ces conditions ? Comment agir "comme d'habitude" quand c'était comme ça ? Il ne pouvait pas la forcer à se remettre avec lui après tout ! Il n'était pas comme ça...

Et il s'y refusait. Il pourrait très bien être du genre mauvais et tout lui imposer, après tout, niveau rapport de force, il la dominait largement. Mais Inuyasha n'avait pas ces valeurs-là. Il avait grandi avec le concept "respecte la personne et elle te respectera". Ce qui était plutôt vrai, mais pas vraiment applicable dans tous les cas...preuve avec sa propre existence, tiens...et bien d'autre chose encore !

Mais même. Et ça, il voulait tout faire pour le retrouver. Qu'elle se souvienne au moins de tout ce qu'ils avaient vécu ensemble. Peut-être pas de son histoire à lui, trop sombre, car il se souvenait qu'elle s'était sentie bien mal en ayant eu les détails à la fois dans les lettres cachées dans son ancienne maison et dans les Monts Tokrystaux, face aux révélations d'Aluya. Il ne tenait pas vraiment à ce qu'elle se sente mal de nouveau.
Il voulait simplement qu'elle puisse se rappeler de ce qu'ils avaient pu vivre ensemble. Pour lui...c'était quelque chose d'important, car c'était ce qui avait changé leur vie à tous les deux d'une façon radicale, et qui leur avait beaucoup apporté.
Si elle se sentait plus libérée ainsi, sans son passé, tant mieux pour elle, il demandait toujours à ce qu'elle soit heureuse, mais au fond de lui, son regret, c'était ça. D'avoir perdu ce lien qui les unissait. Ce lien auquel il tenait comme le plus précieux trésor du monde, valant à ses yeux excessivement plus que tout l'or du monde. Il voulait le retrouver. Et ça passait par ce qu'ils avaient vécu ensemble, qui les avait fait évoluer.

Dès que le soleil se leva, il se réveilla doucement, prenant son temps. Il était bien décidé à affronter les choses la tête haute, comme d'habitude. Il ne se rendait juste pas trop compte, ou alors un peu, qu'il était de nouveau en train de se replier sur lui-même presque complètement. Et pour ne pas retomber dans cette profonde solitude comme autrefois, il savait qu'il devait retrouver ce lien avec Erinyes. Pas le reconstituer. Mais le retrouver, nuance. Il ne tenait pas à le changer. Le retrouver. Si ça évoluait, eh bien c'était d'autant mieux, mais il n'en voulait pas de nouveau, car il regretterait toujours ce qu'il avait perdu auparavant.

Alors une fois prêt, il sauta à bas du balcon, mettant pied à terre, puis faisant irruption dans la chambre, écartant les rideaux, l'air déterminé, pour s'avancer ensuite jusque vers le lit d'Erinyes, et, sans aucune gêne, monter dessus, s'accroupissant et cherchant tout d'abord à la réveiller en la secouant par une épaule.

Erinyes ne s'était pas vraiment endormie tout de suite la veille. La vérité était qu'elle avait hésité pendant un long moment à peser le pour et le contre en ce qui concernait le fait de lui demander de revenir, parce qu'elle estimait qu'il n'avait pas à dormir dehors juste parce qu'elle avait tout oublié. Mais peut-être que lui, il préférait que cela soit comme ça pour le moment... Bien que bon, elle ne trouvait pas ça correct, et elle avait peur qu'il prenne mal le fait qu'elle n'ai pas cherché à le retenir... Bref, elle s'était retrouvée perdue une bonne heure, voire plus, avant de se rendre compte que c'était de toute façon trop tard, avant de se résigner, et de se coucher.

Mais la nuit n'avait pas été meilleure. Non seulement, elle se sentait toujours aussi perdue, l'environnement ne lui étant plus du tout familier, elle n'avait plus aucun repère, et se demandait comment le lendemain allait se passer. Peut-être qu'elle devrait aller expliquer à la personne qui gérait les gardes qu'elle ne pourrait plus travailler pendant quelques temps ?
Et puis comment ce déroulaient ses journées, habituellement ? Devait-elle faire quelque chose de spécial ?
Elle ne savait plus du tout, et ce sujet l'inquiéta une bonne partie de la nuit. Ça non plus, ça ne l'avait pas quitté, cette manie d'en faire rapidement, et surtout de trop s'inquiéter. Personne ne pouvait la blâmer sur ce coup là.

L'autre partie de la nuit fut troublée par... Une sensation de manque, en fait. Parce qu'une fois qu'elle s'était enfin décidée à ne plus se poser 3500 questions, pour enfin dormir, elle s'était vite rendu compte qu'elle n'y arrivait pas non plus, se sentant étrangement... Seule. Même sans savoir quoi précisément, elle savait qu'il lui manquait une chose importante, d'apaisant. Mais impossible de se souvenir de quoi, forcément.
Résultat, elle avait pas mal bougée, emportée dans un sommeil plutôt agité.

Donc oui, elle avait finit par s'endormir enfin, mais disons... Tôt, très tôt, le matin. A peine deux ou trois heures avant le lever du soleil. Donc elle dormait profondément quand l'Hybride revint dans la chambre, sans même l'entendre.
Et il lui fallu quelques minutes avant de se rendre compte qu'il tentait de la réveiller. Vu qu'elle était quand même assez stressée à cause de son manque de repère, son esprit recasa la situation en un clin d’œil. Mais assez épuisée, elle bougea à peine, se contentant de se tourner pour faire face à l'Hybride. Se mettre à paniquer ne servait à rien, vu qu'elle ne saurait pas plus quoi faire de toute façon.

Alors elle se mit à parler dans un murmure ensommeillé, sans trop se précipiter. Autant y aller pas à pas et mieux gérer les choses.

"Hummm ? Déjà le matin ? Je suppose qu'on a des choses à faire... Non ?"

Bon, elle serait bien restée à dormir une heure ou deux encore, en fait, mais ça ne serait certainement pas comme ça qu'elle retrouverai la mémoire... Et puis, c'était elle qui avait demandé à ce qu'il lui fasse faire les choses habituelles, donc bon... Elle n'allait pas se plaindre non plus !

Contrairement à d'habitude, elle ne se réveilla pas immédiatement. Enfin, il passa ce détail, et attaqua en fait directement :

- Pas spécialement. Tu es certes garde, mais tu n'as pas l'air d'avoir beaucoup d'obligation à ce que j'ai pu constater. Bref. Je vais te faire revenir la mémoire, moi, tu vas voir !

Oui, oui, comme d'habitude, mode "je ne vais pas par quatre chemins". Alors s'installant un peu mieux, s'asseyant dans sa position habituelle, en tailleur, la regardant très sérieusement, il lui balança :

- Tu vas me faire l'effort de te concentrer pour te souvenir. Quand je disais que tu es restée malgré-tout la même, la preuve est là : quand tu n'as pas envie d'une chose, tu ne le fais pas même quand on insiste. Mais là, tu vas le faire et je ne céderai pas ! Je ne te reprocherai pas de ne pas réussir à te souvenir, si c'est ce que tu crois. Je veux que tu en fasses l'effort.

Le pire, pas dit méchamment, loin de là, juste...trop directement, sans pincettes. Inuyasha tout craché, quoi.

- Alors tout d'abord...si je te désigne la Cité Marchande sur Mythra et son dresseur de chevaux qui vit là-bas, tu me réponds quoi ? Est-ce que ça te fait remonter quelque chose ?

Le lieu où ils s'étaient rencontrés la première fois. C'était même peu après qu'Inuyasha se soit échappé du Pandémonium, puis peu de temps après la mort de sa mère à Thran. ça s'était passé environ une semaine après ces choses-là. Ce jour qui avait finalement marqué leur vie sans qu'ils ne puissent s'en rendre compte sur le moment...mais c'était là que tout avait commencé. Sur une leçon d'équitation, et d'échange de pensée.

Et bien, elle qui n'était pas trop trop en forme là, elle avait du mal à le suivre, surtout qu'il allait droit au but, et de façon très directe. Bon, pourquoi pas après tout, s'ils n'avaient que ça à faire... Elle se redressa pour s'assoir et lui faire face, tout en se frottant les yeux et réprimant un bâillement. Elle l'écouta quand même attentivement, obéissant simplement sur ce qu'il lui demandait. Mais autant dire que ça commençait mal, parce qu'à peine eut-il finit que sa première réponse fut :

"C'est... Où la Cité Marchande ? Mythra, c'est le nom de notre monde ?"

... Bah oui. Si elle n'avait pas perdu les notions réflexes comme lire, écrire, ou encore penser avec logique sur comment se déroulait la vie de façon générale, tout ce qui était noms et lieux, en revanche... Tout lui était devenu parfaitement inconnu. Comme si elle avait été projetée dans un monde parallèle où elle ne connaissait personne. Pas même son propre prénom, à la base. Alors se souvenir de ceux des autres, où des régions...

Bon, elle se concentra quand même sur le point qu'elle connaissait : les chevaux. Mais rien ne lui vint en tête, quoiqu'elle fasse. Si elle pouvait très bien s'imaginer l'animal dans sa tête, aucun évènement lié à ce dernier dans son passé ne pointa le bout de son nez.

"Désolée, mais ça ne me dis rien..."

Fit-elle après quelques minutes de réflexion intense, tentant de provoquer un élément déclencheur, mais rien de vint. S'il lui en parlait, c'était qu'il y avait forcément quelque chose, donc elle s'en rendrait compte si ça lui revenait. Mais non. Néant total.

Bon. Ne sachant pas vraiment à quel point elle était atteinte, il prit quelques secondes pour lui exposer les choses :

- Dans le monde où l'ont vit, on peut dire qu'il est divisé en trois parties distinctes. Le ciel, la terre, et en-dessous. Ici, nous sommes au ciel, au royaume des anges. Je ne sais pas pourquoi ils appellent ça "royaume" parce qu'ils n'ont pas de roi ou de reine mais bon, passons...Mythra, c'est la terre. Là où nous sommes originaires. Puis "en-dessous", c'est le Pandémonium, où vivent généralement les démons. La Cité Marchande, c'est l'une des villes sur Mythra.

Pour les raisons qu'il lui avait expliqué la veille, il ne lui reprocherait pas ça. Après tout, il était loin d'être mieux quand il perdait la mémoire aussi ! Seulement...il n'avait jamais été à l'aise dans la vie quotidienne civilisée. Comment pourrait-il l'aider de la meilleure façon si même les choses élémentaires, elle...les avait oubliées ? Enfin, il verrait...et ferait de son mieux.

Evidemment qu'il aurait été content si elle avait pu lui sortir quelque chose ! Même petit, même si ce n'était pas tout...il aurait tant voulu.

Refusant de se laisser abattre par le désespoir de ne jamais retrouver leur relation, il insista alors :

- Et la cascade des nuages ? Et Azurea ? Essaie de te souvenir de ça s'il te plait !

Mais il se rendit compte...qu'il se laissait emporter par son inquiétude. Alors il détourna le regard, essayant de se calmer. Comment Erinyes s'y était-elle prise quand il ne se souvenait plus d'elle ? Il refusait de croire qu'il n'y avait aucun moyen de récupérer ce à quoi il tenait beaucoup...le tout sans être trop conscient que la chose était encore là. Juste enfouie. "Là où tu m'as oublié" comme il l'avait dit la veille. La réponse était là.

Il sauta à bas du lit, pour lui tendre la main, bien que tout le reste du corps dirigé vers la porte :

- Viens avec moi. Si en te posant des questions, ça ne marche pas, peut-être qu'en voyant de quoi je parle, ça marchera !

Bon, il lui fit un petit topo géographique. Simple, mais suffisant. Après tout, autant qu'elle en réapprenne un minimum en attendant, au cas où. Il se mit ensuite à lui ressortir plusieurs pistes, mais aucune ne lui parlait. Et elle se sentait d'autant plus désolée en sentant qu'il était décidément très inquiet de voir que ça ne marchait pas. Bon, la raison, il la lui avait dite, et elle-même n'avait jamais dit qu'elle le laisserait, elle avait bien comprit ce qui les reliait, à défaut de le ressentir. Mémoire ou pas, elle avait cet instinct envers lui qui ne changeait décidément pas.

"Dé... Désolée... Rien de tout ça ne me revient..."

Répondit-elle avec un petit sourire timide, avant qu'il ne lui propose carrément de sortir. Euh ouai. Deux minutes là ! D'une, elle n'était même pas encore levée. De deux, elle n'était pas habillée, forcément, et de trois ben... Elle avait faim aussi. Elle n'avait plus rien avalaé depuis l'incident de la veille, alors ça commençait à faire un un peu long.

"Oulà, attends un moment ! Je ne vais pas sortir dehors comme ça ! Il faut que je prépare et... Sans vouloir être offensante... Quand est-ce qu'on mange ? Parce nous n'avons rien prit depuis hier et..."

Et son estomac se chargea d’exprimer le reste à la seconde suivante.

"Ça ne me dérange pas de sortir, mais je pense qu'il serait préférable de ne pas trop se précipiter, tu veux bien ?"

Elle se leva donc, sans lui prendre la main pour la peine, vu qu'elle partait pour autre chose que la sortie proposée, pour le moment.

"Où est la cuisine ici ?"

... Oui oui, elle demandait alors qu'il n'y avait que deux portes, enfin, trois en comptant celle d'entée, et qu'elle connaissait déjà ce que cachaient deux d'entre elle. Donc par logique, elle devait se rendre à la troisième mais... N'osait pas, en fait. Oubliant qu'elle était chez elle, tellement plus rien ne lui était familier.

Elle refusa tout d'abord, pour des raisons...eh bien primaires, comme n'importe qui. Et à la première chose, il répondit, très sérieusement, et par...logique indiscutable qui soulignait encore ce fossé entre lui et la société (et le tout mêlé à sa délicatesse légendaire) :

- T'habiller...? Mais tu n'es pas à poil que je sache ! Tu as ta robe sur toi, ça suffit, non ? Nous n'allons pas aux Monts Tokrystaux où là, je pouvais comprendre le fait d'emporter plus de chose...

Bien que lui s'était contenté de ses seuls moyens habituels, ayant déjà passé des hivers ainsi, bien que le froid aux monts n'était pas pareil. Mais il pouvait quand même comprendre ce fait de vouloir emporter des couches de vêtement en plus pour y résister comme avait fait Erinyes. Mais là...il faisait beau ! Puis elle avait sa robe, non ?

Et à la seconde condition, il répondit :

- Ensuite, tu es chez toi. Tu as le droit d'aller où tu veux.

Sur ce, au lieu de faire le tour du lit pour aller en cuisine, une autre idée lui venant à l'esprit, et décidément pas du genre à s'encombrer, il se retourna, sauta sur le lit pour pouvoir passer de l'autre côté pour atteindre la cuisine, poussant la porte pour y entrer.

De là, il fouilla un peu de partout, avant de revenir vers la table et y déposer...un sac de papier contenant les beignets angéliques qu'elle lui avait fait découvrir il y a quelques temps. Restant là, attendant qu'elle vienne, en lui demandant :

- Viens me dire ce que ça te rappelle. Tu as grandi ici, alors que ça soit en rapport avec moi ou pas, ça devrait te rappeler quelque chose.

"Hein ? Mais c'est un truc pour dormir ça, je ne vais pas quand même pas sortir comme ça !"

Répondit-elle en s'écriant à moitié, ne comprenant pas pourquoi lui aussi ne trouvait pas ça évident... Vu qu'elle avait oublié sa façon d'être, forcément...
Il lui indiqua ensuite qu'elle pouvait aller où elle voulait, sauf qu'il ne lui en laissa pas le temps, allant justement vers la dite cuisine, pour en revenir avec un sac de beignets.
Pendant ce temps, elle en avait profité pour aller se mettre une tenue plus convenable, avant de le rejoindre, pendant qu'il mettait de nouveau à "l'épreuve", même avec la nourriture.

Obéissant simplement sans discuter, elle commença à manger, tentant de voir ce que le goût pouvait lui rappeler, mais encore une fois, ça n'eut aucun effet. Peut-être qu'il était encore trop tôt pour ça, et que la sollicité autant en si peu de temps ne servait à rien. Après tout, les choses avaient le don de venir, ou revenir quand on s'y attendait le moins, mais se laissaient désirer quand on cherchait un résultat rapide.

"C'est bon mais... Ça ne m'évoque rien du tout. Écoute... Je sais que tu veux que je récupère vite, et moi aussi, mais... Je ne suis pas certaines que cela fonctionne de cette façon. Je veux dire... Pourquoi toujours penser à ça ? Et faire les choses pour ça ? Pourquoi ne pas se contenter de vivre normalement, sans se soucier du soucis ? Je pense que ça marchera mieux, et que ça sera peut-être plus agréable que de voir des échecs partout. L'esprit reposé et non à l’affut du moindre souvenir... Me semble être une meilleure option que le solliciter tout le temps."

Surtout qu'elle risquait d'en avoir marre à force, et de se décourager en voyant tout échouer.

- Le plaisir de vivre dans le superflu...

commenta-t-il simplement pendant qu'il allait lui chercher de quoi, quand elle lui répondit. Sûr que là, les visions étaient radicalement différentes ! En fait, pour bien vivre, il fallait un petit peu des deux...Inuyasha n'avait qu'une vision seulement primaire, là où étaient les choses essentiellement vitales pour la plupart, avec genre le strict minimum du minimum, parce que vivant dans l'optique du "je ne possède rien". Enfin, ça, il ignorait que justement, derrière...bref. A découvrir.

Erinyes tenta, mais ne trouva rien de nouveau. Inuyasha se força à ne pas perdre patience, se demandant si elle faisait réellement l'effort ou pas. Il désespérait ! Il voulait tellement l'aider !

Elle lui expliqua d'ailleurs son point de vue. Point de vue au bout duquel il se laissa tomber en face d'elle, de l'autre côté de la table, soupirant légèrement. Il détestait échouer. Surtout quand c'était important.

- Parce que je veux au moins que tu te souviennes de qui je suis. Ok, ça peut sembler égoïste, mais...n'empêche que c'est une part de toi aussi. Je ne tiens pas à ce que tout notre vécu soit...devenu du néant. Je ne tiens pas à perdre tout ça, tout ce qui nous relie. ça n'a plus l'air d'être le cas pour toi actuellement, mais pour ma part...sans ça, je ne vis plus, Erinyes. Et ça, je te l'avais déjà dit. Je voudrais t'aider. Mais je vois que je n'apporte décidément rien !

Il craignait réellement de la perdre. Ne sachant pas du tout jusqu'à quel point elle le voyait à présent...il n'osait pas trop non-plus s'avancer. Après un court silence, le temps de reprendre un peu son calme, car se rendant compte qu'il se laissait vite mener par ce qu'il ressentait, il lui demanda :

- Dis...est-ce que, quand tu retrouveras un souvenir, tu me le diras ?

En tout cas, une chose était sûre, il semblait bien plus affecté qu'elle encore, ce qui pouvait se comprendre, vu qu'elle, elle ne se rendait forcément plus compte. Mais ce n'était pas de sa faute si rien ne lui revenait !
Et puis, là aussi, elle ne se souvenait plus de la patience légendaire d'Inu... En gros... Quasiment inexistante. Elle, fidèle à elle même, elle était du genre à se montrer patiente, sans trop s'affoler, sachant que c'était secondaire.

"Sûrement parce que tu es trop pressé. Même si ce n'est pas évident, ce n'est pas comme si c'était sans espoir non ? Cet Ange a dit que ça durerai plusieurs jours, alors autant attendre patiemment, au lieu de se faire du mal à tenter sans résultat."

Et puis là, moins consciente de leur lien, elle se mettait pour la peine beaucoup moins la pression que ce qu'elle faisait d'habitude. Là où elle se serait presque rendue malade de l'inquiéter autant en temps normal, elle s'en fichait presque à l'heure actuelle, pensant avant tout à ce qui serait mieux pour elle, pour résoudre le soucis plus rapidement, et non par rapport au résultat que lui voulait.
Il lui demanda ensuite quelque chose dont la réponse semblait évidente.

"Tu es la seule personne à qui je peux me confier, donc en toute logique, oui. Surtout si ça ne me revient que par brides, j'aurai besoin d'une personne pour mieux m'y retrouver. Et je ne vois personne d'autre que toi."

Fit-elle très honnêtement pour la peine. Si en temps normal, elle était du genre à lui cacher certains problèmes, là, elle lui disait tout directement.
Elle termina donc ensuite de manger, avant de se lever.

"Nous sortons alors ? Rien n'empêche de tenter, mais sans trop forcer les choses, d'accord ? Sinon, tu risque d'être encore plus déçu que moi..."

Il ne pouvait pas nier qu'elle avait raison. Du coup, il ne répliqua rien, comme souvent lorsqu'il admettait qu'une chose était vraie. Sans le faire à haute voix, comme souvent.

En tout cas, il sembla juste retrouver une mine légèrement plus assurée quand elle lui répondit affirmativement. Pas qu'il voulait réellement lui forcer la main, mais...il ne tenait pas non-plus à finir écarté. Ce lien si fort qu'ils avaient eu, il voulait le retrouver. Absolument.

Il se releva presque tout de suite après elle, acquiesçant simplement :

- D'accord. On y va alors. Je vais t'emmener dans les Jardins des Songes.

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